
Le guerrilla gardening, ou jardinage de guérilla, est bien plus qu’une simple pratique de verdissement urbain. Ce mouvement révèle les tensions profondes entre l’expansion humaine, la perte de biodiversité et le besoin croissant de nature en ville. Il interroge la notion de propriété et le droit à l’espace public, bousculant les codes établis.
Le guerrilla gardening, une pratique discrète mais puissante
Souvent appelé « green guerrilla » ou « guérilla jardinière », le guerrilla gardening est une approche unique. Il s’agit d’utiliser le jardinage pour faire passer un message politique et agir pour l’environnement. Cette pratique non-violente vise à réapproprier l’espace urbain. Elle permet de recréer du lien social et de renouer avec la nature. Les activistes plantent des arbres, des plantes comestibles ou des fleurs. Leurs actions se déroulent sur des espaces publics délaissés.
La Fnac, en décrivant le livre « Guerilla Green » d’Ophélie Damblé, souligne cette volonté. Nos villes regorgent d’espaces non exploités où rien ne pousse. Le mouvement agit sur ces zones. Il défie l’idée que seul le fleurissement des balcons est acceptable. C’est un jardinage politique qui bouscule les règles.
L’urbanisation galopante, un défi pour la biodiversité
L’ère industrielle a entraîné une surproduction et une surconsommation. Cette course au profit a transformé nos paysages. L’urbanisme et le logement ont connu de vastes changements. Les routes goudronnées, par exemple, ont proliféré. Elles coupent les forêts et empiètent sur la vie végétale et animale. Près de 695 000 km de nouvelles routes sont construits chaque année dans le monde. Cela représente plus de 1 900 km par jour en moyenne. Ces infrastructures sont essentielles pour la fluidité humaine.
Cependant, les routes ne sont pas les seules constructions en cause. Les villes, les immeubles et les centres commerciaux réduisent la faune et la flore sauvage. La population mondiale augmente et vit plus longtemps. Cela crée un besoin constant de nouvelles constructions. En France, plus de 200 000 personnes sont sans domicile fixe. En 2022, 2 millions de demandeurs attendaient un logement social. Pour y répondre, 335 400 logements ont été autorisés à la construction d’avril 2024 à mars 2025. Cette expansion, bien que nécessaire, impacte fortement la biodiversité.
Végétaliser la ville, un impératif de santé publique
Vivre en milieu urbain a des conséquences directes sur la santé et l’environnement. En 2022, 81,51 % de la population française résidait en zone urbaine. Ces zones présentent moins de végétation, plus de chaleur et davantage de pollution. La végétalisation des villes est donc un enjeu majeur. Elle aide à réduire la chaleur urbaine. Elle améliore la qualité de l’air et offre un habitat aux pollinisateurs, cruciaux pour la vie. Une étude suggère que plus de 20 000 vies auraient pu être sauvées grâce aux espaces verts en ville.
Plusieurs solutions existent pour reverdir nos cités. Il est possible de soutenir les plans de végétalisation des élus locaux. Cultiver des plantes dans son jardin ou sur les toits d’immeubles est une autre option. Les jardins partagés ou communautaires permettent aux citadins de cultiver ensemble. Mais le guerrilla gardening offre une voie plus radicale. Il s’attaque directement aux espaces publics négligés.
Un acte politique et une question de propriété
Le guerrilla gardening est une pratique environnementale et un message politique fort. Il soulève la question de la propriété de la terre. Le mouvement aborde l’idée du droit à la terre. Cependant, cette pratique est interdite. Il est illégal de planter sans autorisation sur un parc public ou un rond-point. Ceux qui s’y adonnent sont souvent des activistes. Ils occupent des lieux abandonnés. Leur but est de créer une biodiversité riche en ville. Ils cherchent aussi à remettre en question la propriété privée des espaces non utilisés.
L’origine du mouvement remonte à 1973 avec Liz Christy à New York. La ville était alors pauvre et peu végétalisée. Elle a transformé un lotissement abandonné en un jardin collectif. Ce jardin existe toujours et porte son nom. À l’époque, son action était mal vue. Elle était perçue comme illégale. Cette initiative a marqué le début d’une réappropriation citoyenne de l’espace.
Vers une reconnaissance progressive ?
Aujourd’hui, le guerrilla gardening reste une pratique non autorisée. Pour planter hors de chez soi, il faut contacter la mairie. Une convention est nécessaire. Sans autorisation, les plantations peuvent être détruites. Elles sont considérées comme une privatisation de l’espace public. Cependant, le sujet suscite un vif intérêt. Certains demandent des lois pour légaliser cette pratique. Ils souhaitent permettre à tous de végétaliser les espaces abandonnés et publics. Le guerrilla gardening pourrait un jour devenir légal. Il pourrait même s’imposer comme une norme dans nos villes.



