
La longévité est influencée par des facteurs souvent sous-estimés. Une étude récente met en lumière un trio inattendu : l’humeur, la composition corporelle et la vie intime. Cette recherche révèle comment ces éléments, lorsqu’ils se conjuguent défavorablement, peuvent augmenter significativement le risque de mortalité précoce. C’est un appel à une approche plus holistique de la santé.
💡 Point clés
La faible fréquence sexuelle (< 12 fois/an) est associée à un risque accru de mortalité.
Le tour de taille élevé (indice ABSI) et les symptômes dépressifs sont des prédicteurs majeurs.
Ces deux facteurs, combinés, quadruplent presque le risque de décès, magnifiant leurs effets.
Un nouvel outil clinique pourrait aider à identifier les personnes à risque et à personnaliser les interventions.
Un lien inattendu révélé
Une activité sexuelle peu fréquente est souvent liée à des problèmes de santé comme l’obésité et les maladies cardiovasculaires. Jusqu’à présent, les interactions spécifiques entre traits biologiques ou psychologiques restaient peu claires. Une étude du Journal of Affective Disorders apporte des précisions vitales. Son but était d’identifier des signaux modifiables pour de meilleures stratégies de prévention. Elle voulait comprendre pourquoi cette faible fréquence intime s’accompagne de moins bons résultats pour la santé.
Méthodologie d’une étude d’envergure
Les chercheurs ont utilisé les données de la National Health and Nutrition Examination Survey, couvrant 2005 à 2016. L’analyse a porté sur 4 978 participants, âgés de 20 à 59 ans. Tous avaient rapporté moins de douze rapports sexuels par an. Le Questionnaire de Santé du Patient en neuf points (PHQ-9) a servi à dépister la dépression, un score de dix ou plus étant significatif. Pour la graisse abdominale, l’indice de forme corporelle A (ABSI) a été privilégié. Cette mesure plus précise combine tour de taille, taille et poids. Le suivi des décès s’est étalé sur quinze ans, avec 215 décès enregistrés, soit 4 % de l’échantillon.
La synergie dangereuse de deux facteurs
L’indice ABSI s’est avéré être un puissant prédicteur de mortalité. Un ABSI de 0,082 ou plus a presque doublé le risque de décès. Les symptômes dépressifs, pour leur part, augmentaient ce risque de 86 %. Le constat le plus alarmant apparaît quand ces deux facteurs coexistent. Les personnes avec un tour de taille élevé et des signes de dépression ont fait face à un risque de mortalité près de quatre fois supérieur. Cette synergie suggère que la graisse abdominale et la dépression s’amplifient mutuellement. Une analyse a même attribué la moitié des décès de ce groupe à leur influence combinée.
Des disparités selon le sexe
Les courbes de survie ont montré des écarts importants entre les sexes. Après quinze ans, seulement 76 % des hommes avec les deux facteurs de risque étaient encore en vie. Ce taux était de 91 % chez les femmes. Cette divergence s’explique potentiellement par des différences cellulaires. Les hommes pourraient être plus sujets aux dommages vasculaires liés à l’obésité. La dépression aggrave aussi souvent la situation chez les hommes, qui tendent à retarder les soins, menant à des symptômes plus sévères.
Vers des outils cliniques personnalisés
Les chercheurs ont développé un outil prédictif pour les cliniciens. Ce nomogramme évalue les chances de survie sur trois, cinq et dix ans, avec une précision de 78 %. Il utilise dix variables clés, incluant l’âge, le sexe, la présence de maladies comme l’hypertension ou le diabète, le tabagisme, l’indice ABSI, la fréquence sexuelle et le score de dépression. Cet outil pourrait guider les professionnels vers des interventions ciblées. Cela concerne la gestion du poids, le soutien mental ou la santé sexuelle lors des consultations habituelles.
Précautions et perspectives futures
Cette étude comporte des limites. L’activité sexuelle auto-déclarée est sujette à des erreurs. De plus, son design observationnel ne peut établir de cause à effet direct. La graisse abdominale ou la dépression pourraient influencer la fréquence sexuelle, ou inversement. Des études futures, suivant ces facteurs dans le temps, sont nécessaires. L’échantillon étant américain, la généralisation à d’autres cultures nécessite des recherches complémentaires. Malgré ces nuances, l’étude souligne deux signaux simples : le tour de taille ajusté et les symptômes dépressifs. Ensemble, chez les adultes ayant une vie intime peu active, ils indiquent un risque significatif pour la longévité. Le dépistage et l’action sur ces facteurs représentent une nouvelle voie pour améliorer la santé.
L’étude, intitulée « Synergistic effects of a body shape index and depression on mortality in individuals with low sexual frequency », a été rédigée par Tian-Qi Teng, Meng-Meng Wang, De-Gang Mo, Yan-you Xie, Rui Chen, Jia-Chao Xu, Jing Liu, et Hai-Chu Yu.
